Pourquoi il n'y aura pas de réforme de l'orthographe

C’est un fait : notre langue est l’une des plus difficiles à écrire au monde, sinon la plus difficile.  

Depuis que vous êtes en âge d’apprendre à lire et à écrire, vous avez du entendre des dizaines de personnes pester contre les incohérences orthographiques du français et manifester leur incompréhension face au manque de réaction des autorités compétentes : pourquoi diable ne simplifie-t-on pas l’orthographe une bonne fois pour toutes ??  

Et après avoir lu cet article, vous pourrez leur répondre : parce que cela a déjà été fait !  

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, de très nombreuses réformes de l’orthographe ont été menées au cours de l’histoire.  

Dès le départ, nous étions handicapés par un problème de taille : c’est l’alphabet latin qui a été utilisé pour retranscrire les sons du français. Or cet alphabet ne contenait que 22 lettres ! C’était largement insuffisant pour reproduire graphiquement tous les sons de notre langue.  

Au cours du moyen-âge, on a vu fleurir différentes graphies aux quatre coins du pays afin de retranscrire les mêmes sons car il n’y avait pas d’instances pour normaliser l’écriture.  

Ce n’est qu’à partir du 16ème siècle qu’un effort de rationalisation de la langue a été entrepris.    

Et c’est la création de l’académie française qui va permettre de fixer durablement les règles de l’orthographe.  

Le chantier était énorme, et de 1667 à 1835, ce sont pas moins de dix-sept réformes qui se succèdent : création du « j » et du « v », instauration de l’accent aigu, de l’accent grave, etc.  

Et depuis 1835, plus rien.  

Est-ce à dire qu’il n’y a plus rien à simplifier dans notre belle langue ?  

Certes non, mais il faut comprendre que dans l’état actuel des choses, toute tentative de simplification de la langue n’aboutirait qu’à rendre la lecture, et par conséquent la compréhension des textes, plus complexe.   Prenons un exemple.  

Il existe en français beaucoup d’homophones, à savoir des mots qui se prononcent de manière identique, mais dont l’écriture (et le sens) diffèrent.  

Il en est ainsi des mots seau, sot, sceau. On pourrait imaginer que tous les mots avec le son « o » s’écrivent avec simplement « o ». Mais dans ce cas, vous serez incapable,  en voyant écrit « so », si vous avez affaire à un imbécile (un sot), à un récipient (un seau) ou à la marque d’un seigneur (un sceau).  

Les différentes réformes de l’orthographe ont été établies dans le respect du cadre historique de notre langue : pas de création de signes nouveaux, des régularisations de forme… On a conservé les graphies étymologiques, et même des spécificités déroutantes mais nécessaires lorsque l’on prend la langue dans une perspective globale, comme les consonnes finales muettes mais qui se font entendre dans d’autres formes du mot ou dans ses dérivés (peint/peinte/peinture…).  

Il n’est donc possible, de nos jours, de n’effectuer de réforme importante de l’orthographe qu’à partir du moment où l’on renonce à conserver les traces étymologiques qui ont fondées notre langue.  

Or c’est un sacrifice que l’académie s’est jusqu’ici toujours refusé à faire, continuant à alimenter le sempiternel débat entre les « Anciens » et les « Modernes », ceux qui veulent maintenir la tradition et ceux qui veulent faire changer les choses.  

Autant vous faire une raison : les consonnes doubles et les finales muettes continueront de poser problème à nos écoliers pendant encore de nombreuses années !

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