Le classicisme

Associé au terme classique, ce mot a pris au cours des siècles plusieurs sens, et en particulier un sens historique, voisinant des sens esthétiques indépendants les uns des autres. Nous utiliserons ici ce terme comme désignant une période de la littérature française contemporaine du règne de Louis XIV, et plus particulièrement les années 1660-1685.

A l’origine, le mot « classique » vient du latin « classicus » qui signifiait « première classe ». Au tout début, le terme désigne donc une forme d’élite littéraire et sociale, et sur la fin de l’Antiquité commence à s’employer pour parler de l’écrivain ancien, celui qui a une valeur intemporelle.

Pendant tout le Moyen Age, le « classicus » va faire référence aux auteurs de l’antiquité, comme une sorte d’idéal littéraire. Enfin il donne le mot français « classique », qui se charge des acceptions précédentes.

Le classicisme comme idéal esthétique

Dans la littérature, le classicisme se définit par plusieurs caractéristiques.

Tout d’abord, ce que l’on appellera la pureté de la langue.

Se basant sur les auteurs latins essentiellement, plusieurs théoriciens, dont Vaugelas, se sont efforcés de déterminer les critères linguistiques qui allaient donner sa pureté et sa clarté à l’écriture classique, soit la norme du bon usage, une « façon de parler de la plus saine partie de la cour, conformément à la façon d’écrire de la plus saine partie des auteurs du temps » (Vaugelas).

Le lien étroit entre littérature et morale est un autre pôle important de l’écriture classique. La seule règle valable est de plaire, mais pour ce faire la doctrine impose un certain nombre de règles (qui seront exposées plus loin), et refuse certains artifices (pas de merveilleux invraisemblable, pas de confusion de style ou d’hyperboles).

Une des idées centrale de cette littérature est celle de la grâce : la beauté se trouve dans le mouvement, ce qui entraîne une part d’irrégularités et de surprises. Etroitement associé à cette idée de grâce se trouve le naturel : si les efforts nécessaires à l’acquisition d’un bon style ne sont pas niés, ce dernier doit paraître jaillir de lui-même.

Enfin, un dernier point important réside dans la notion de sublime (considéré comme l’expression exceptionnelle des grandes âmes), qui dissocie l’efficacité du discours et l’application mécanique de règles et de niveau de style.

Poésie et théâtre

C’est avant tout dans ces deux genres littéraires que le classicisme s’est exprimé.

La poésie classique repose sur l’organisation du rythme des syllabes. Certaines règles sont de mises. Ainsi la plupart du temps, la succession de deux voyelles aboutit à une diérèse. Les rimes masculines et féminines sont alternées, enlacées. Le vers le plus pratiqué est l’alexandrin ; on tient à faire coïncider la structure grammaticale et sémantique avec la structure poétique, et l’enjambement est évité. Les genres sont assez définis : l’ode, l’épître, la satire, la tragédie avaient la faveur des auteurs. L’épopée a connu un grand succès, bien que la forme n’ait pas témoignée d’un réel sentiment épique. Les catégories esthétiques étaient tranchées, la poésie classique rejetant toute forme d’ambivalence : le beau, le sublime, le tragique, le comique, le satirique, le bucolique, le lyrique étaient privilégiés, et les teintes affectives qui jouaient à la fois sur la grandeur et l’équilibre valorisées. Une grande attention était portée au vocabulaire : finesse de goût et noblesse étaient exigés. Enfin le contenu poétique doit être l’occasion de célébrer, de magnifier : on évite l’expression de sentiments personnels et au contraire la poésie classique met avant raison, vérité, et les sujets à la fois nobles et ayant valeur de type.

Le théâtre classique a produit essentiellement des comédies et des tragédies, avec une préférence pour ces dernières, en évitant le mélange des genres. Il obéissait à plusieurs règles, dont la plus marquante fut celle dite des trois unités.

Unité d’action, tout d’abord, qui veut que la pièce de théâtre soit basée sur une action unique : une accumulation de tension provoque une crise et les interactions entre les forces en présence finissent par amener le dénouement.

Unité de lieu, ensuite : l’action se déroule dans un seul endroit, et n’exige qu’un seul décor.

Unité de temps, enfin : l’action s’étale sur 24 heures, et les auteurs s’efforcent de faire coïncider le temps de l’action et celui de la représentation.

Attention car cette règle des unités ne fut pas toujours respectée avec rigueur. Parmi les autres règles importantes à l’âge classique, citons :

- La règle de la vraisemblance : la plus importante, selon d’Aubignac. Il s’agit plutôt d’une cohésion et d’une vraisemblance propre à la pièce, indépendamment de la vérité historique.

- La règle des bienséances interdit tout événement violent, sanglant, ou phénomènes naturels de grande ampleur, qui en général se déroulent en coulisse ou sont rapportés par des récits.

Enfin certaines conventions étaient à l’œuvre concernant la représentation scénique qui devait comprendre aparté, monologue, stance et récit.

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